Communiqué06.03.2019

Vale doit indemniser les victimes de ses catastrophes

Aujourd’hui, des représentant·e·s des communautés touchées par le crime de la multinationale Vale à Brumadinho, dans l’État brésilien du Minais Gerais, venus spécialement du Brésil, ainsi que des réseaux de la société civile au niveau international et des collectifs de solidarité et mouvement politiques de suisses, se sont trouvés devant le siège de la multinationale Vale internationale pour un piquet de protestation. Ils et elles sont venu-e-s manifester leur solidarité avec les quelques 300 victimes du torrent de boues toxiques causé le 25 janvier par Vale. L’entreprise est responsable de ce désastre aux conséquences dramatiques, tant sur le plan humain qu’environnemental. Les politiques de dumping fiscal exercées par les autorités suisses et vaudoises pour attirer ce type d’entreprises participent également de ces responsabilités.

Vale est le premier producteur mondial de minerai de fer. Malgré ses énormes profits, ses activités ont entraîné des crimes sociaux et environnementaux dont l’entreprise n’assume pas la responsabilité. Pour preuve, en 2015, le barrage de déchets toxiques de Samarco (appartenant aux transnationales Vale et BHP) s’est rompu dans la municipalité de Mariana (État de Minas Gerais, au Brésil), tuant 19 personnes et onze tonnes de poissons dans le bassin du Fleuve Doce. De plus, près d’un million d’habitant-e-s de la région consomment de l’eau contaminée. Les personnes touchées n’ont pas reçu de réparation complète.

Trois ans plus tard, ce crime s’est répété.

Le 25 janvier 2019, une nouvelle rupture d’un barrage similaire, propriété de Vale, est survenue dans la ville de Brumadinho, dans le même État, avec un solde de 169 personnes tuées et 141 portées disparues à ce jour. Le bassin de la rivière San Francisco a été également fortement contaminé par des métaux lourds, menaçant de toucher plus de 100 municipalités.

En parallèle, l’entreprise tire de juteux profits de son installation en Suisse. Nous protestons contre la politique d’exonération fiscale dont a profité Vale jusqu’à fin 2015. Ces exemptions d’impôts permettent à de telles entreprises meurtrières de venir profiter de baisses fiscales en Suisse, tout en maximisant leurs profits sur le dos des peuples du Sud. Dès janvier 2019, Vale profitera en plus de la baisse massive de l’imposition sur les bénéfices des grandes entreprises, introduite par la RIE3 vaudoise. Une politique de dumping fiscal pratiquée par un Conseil d’Etat vaudois à majorité socialiste et verte, qui n’est rien d’autre que des cadeaux faits à des entreprises bafouant les droits sociaux et environnementaux dans les pays du Sud. En asséchant les recettes publiques, ces autorités remettent en cause la qualité des prestations de service public, par exemple dans la santé, la formation ou l’accueil de la petite enfance. Dès janvier 2019, de nombreuses communes ont annoncé ainsi des politiques d’austérité, voire des hausses d’impôts. C’est particulièrement le cas sur La Côte où l’on trouve une densité particulièrement forte de sièges de multinationales qui bénéficient de la politique de dumping fiscal.

Face à cette situation, nous exigeons :

→ Dans le cas de Mariana, que Vale arrête de criminaliser les représentants des communautés affectées et garantisse, tant que faire se peut, les immenses dégâts sociaux et écologiques provoqués par ce crime 

→ Dans le cas de Brumadinho, que Vale respecte les engagements signés en février 2019 au Brésil pour avancer dans la réparation intégrale des communautés affectées 

→ Au Brésil, nous exigeons aussi que la multinationale garantisse la sécurité des personnes qui habitent près de ses barrages 

→ En Suisse, nous demandons l’arrêt immédiat de la politique de dumping fiscal exercée pour permettre à de telles entreprises d’échapper à l’impôt de leur pays.

Il est important de rappeler que Vale a reçu en 2012, dans le cadre du « Davos Alternatif » le prix « Public Eye » octroyé à l’entreprise la plus irresponsable de la planète et coupable de violations des droits humains et de l’environnement.

Vale n’est pas une exception. Les entreprises transnationales agissent dans de multiples secteurs de la même manière, mais jouissent d’une impunité du fait qu’il n’existe pas  de cadre juridique international qui les oblige à assumer leurs responsabilités. Pour mettre fin à cette situation, nous soutenons le besoin urgent d’avancer dans le processus du Traité Contraignant pour les transnationales en matière de droits humains, actuellement négocié au sein du Conseil des Droits Humains des Nations Unies. 

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